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mardi 5 janvier 2010

ECRIRE DIT ELLE


Pourquoi commencer par publier un texte de Dorothy Parker ?

Parce que je voulais publier quelque chose vite. Même si je n’avais pas le temps d’écrire.

Parce qu’elle m’accompagne depuis longtemps. Parce qu’elle fait partie de ma « famille ». Comme Tallulah Bankhead, (avec laquelle elle était copine de cuites), comme Marlene Dietrich, comme Fanny Brice, Sophie Tucker, Arletty, Bette Midler, Yvette Guilbert…

Toutes ces femmes intelligentes, spirituelles, border line, explosant le cadre défini par les normes sociales, gonflées, ambivalentes….

Dorothy Parker est un grand écrivain. Pour mes chers lecteurs qui ne sont pas anglophones, j’ai une mauvaise nouvelle. En traduction, elle ne passe pas la rampe ! C’est en VO qu’elle donne la mesure de son talent. La précision des mots, sa cruauté subtile, ses phrases ciselées dont on entend les intonations new yorkaises…. Ça ne ressemble plus à grand chose en français !

Si Dorothy Parker était férocement spirituelle à l’écrit, elle l’était aussi à l’oral.

Connue pour avoir été la femme la plus drôle de New York dans les années 30, elle était capable de tuer père et mère pour un bon mot.

Son regard aigu lui faisait passer au rayon X les rapports humains sans complaisance. Fondamentalement désespérée, tragiquement drôle, elle balançait

« What fresh hell is this ? » quand le téléphone sonnait, tant il est vrai que chaque nouvelle aventure comporte déjà en germe son enfer, et chaque amour, ses souffrances.

Dorothy Parker qui a écrit le scénario d’un des chefs d’œuvre du cinéma, la première version de« A star is born », fable cruelle sur le succès qui foudroie (nothing I would know about, darling !), Dorothy Parker qui a fondé Vanity Fair, qui reste le magazine le plus chic du monde, Dorothy Parker qui a créé le syndicat des auteurs à Los Angeles dans les années 30, Dorothy Parker qui a défendu la cause des noirs américains à la même époque, Dorothy Parker qui a subi le maccarthysme, et s’est retrouvée sur liste noire, Dorothy Parker qui a épousé deux fois le même homme, Alan Campbell, Dorothy Parker dont les bons mots ont enchanté le « Vicious Cercle » qui se retrouvait à l’Algonquin, New York.

Dorothy Parker, qui a légué son œuvre à une association qui défend les droits des noirs américains.

Dorothy Parker qui a écrit sa propre épitaphe (un de ses passe-temps favoris) « excuse my dust » « pardon pour ma poussière » (quand je vous disais que ça sonnait moins bien en français !)

Dorothy Parker, ma frangine, qui m’a inspiré la mienne d’épitaphe : « Un grand pas pour moi, un petit pour l’humanité ».

Mais je mets la charrue avant les bœufs!

Ce soir, c’est juste la fin… de ma phrase ! Et de mon petit texte…

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