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lundi 21 juin 2010

MERCI LES FILLES!



Entre deux machines, une vaisselle, pendant que la serpillère trempe et que ma fille ne sèche pas ses cours, j'ai eu le temps de lire "Merci les filles!", un petit bouquin flashy et flashant qui remet à l'heure les pendules du féminisme. Un peu d'histoire, des chiffres (toujours les mêmes, consternants, sur l'inégalité des salaires, des tâches ménagères, les violences conjugales et meurtrières, et autres "détails" historiques), des quiz rigolos (votre famille est elle féministe?), des slogans "une femme sans homme, c'est comme un poisson sans bicyclette").

Juliette Joste, Valérie Ganne et Virginie Berthemet font un petit "digest" de ce que les féministes ont le courage de dire et de revendiquer depuis quelques décennies avec une écoute et une efficacité assez relatives assortie d'une condescendance certaine. Elles ont réalisé un petit bouquin qui a la pêche, et qui fait un joli tour de la question.


Aujourd'hui que les femmes célèbres, Carla Bruni-Sarkozy en tête commencent leurs phrases par "je ne suis pas féministe mais…." avant de faire une déclaration évidemment… féministe…

Aujourd'hui que "féministe" est quasiment devenu un gros mot, voire une insulte…

Aujourd'hui qu'il y a encore et toujours des femmes qui ont le courage d'affirmer qu'elles le sont, féministes….

Aujourd'hui qu'une actrice comme Sophie Marceau affirme être devenue féministe depuis qu'elle a des enfants, signe que la question est bien ancrée dans le réel, et pas un fantasme de vieille coincée flippée…

Aujourd'hui que dans leurs clips les chanteuses rivalisent de poses lascives et provocantes dans une escalade affligeante qui les apparente plus à des actrices de porno qu'à des idoles pour adolescentes…

Aujourd'hui que ces mêmes adolescent(e)s cherchent dans la dite pornographie avilissante et de plus en plus violente, des réponses à leur sexualité qui commence…

Aujourd'hui que 9 viols sur 10 restent toujours impunis, un scandale….

Aujourd'hui que des pays comme la Chine et l'Inde pratiquent à tour de bras des génocides de petites filles qui mettent en péril leur équilibre….

Aujourd'hui que des types comme Eric Zemmour tapent l'incruste sur les ondes et à la télé avec des discours totalement rétrogrades et réacs en toute impunité, et de surcroit cautionnés par le service public…


Il est grand temps de rendre à César ce qui est à César, et à Rosalie, ce qui est est à elle!

Il est temps de regarder les féministes avec autre chose que mépris et ironie, mais avec gratitude et admiration. C'est grâce à leurs combats, qui ont été difficiles, et qui sont toujours les nôtres, que nous pouvons voter, bosser, ne pas faire onze enfants de force, émettre des chèques, devenir médecin ou avocate, voire ministre, et j'en passe. Tout ce qui nous semble aujourd'hui aller de soi a été conquis de haute lutte par les féministes tellement raillées aujourd'hui.


Ce petit bouquin tonique m'a aussi donné une furieuse envie de me replonger dans les bouquins indispensables d'Isabelle Alonso, qui elle non plus, n'a pas sa langue dans sa poche, et dont l'analyse brillante et énergique fait du bien. "Et encore, je m'retiens", "Même pas mâle", "Tous les homme sont égaux même les femmes", "Roman à l'eau de bleue" (un petit chef d'oeuvre) sont écrits avec un style fort, bourré d'humour et de trouvailles autour de cette question qui ne cesse d'être brûlante.


Alors moi aussi, je dis "merci les filles!"

vendredi 11 juin 2010

LES MUSIK'ILS?




Bloggeurs, bloggeuses, vous connaissez les Musik'Elles? Un Festival de musique de femmes. A Meaux. Formidable. Magnifique. On y a vu les merveilleuses, Juliette, Susan Vega, Jane Birkin, Olivia Ruiz, Brigitte Fontaine, Super bus, Clarika, la Grande Sophie et j'en passe...

Ça c'est un concept qu'il est bon. Ça c'est un postulat qui se pose là. Simple. Clair. Limpide. Sans faux col. Surtout que des chanteuses, il y en a! Y'a que l'embarras du choix. Et des biens, y en a même plein! Y'a qu'à se baisser, t'en ramasses treize à la douzaine.

Et alors, elles ont programmé qui cette année, comme filles, les Musik'Elles? Nolwenn Leroy, Inna Modja, les Plasticines, Pamela Hute, entre autres....

Et à qui elles ont filé des cartes blanches? A Christophe Willem, Renan Luce et Gaëtan Roussel! Euuuuuu… Y'a comme un blême, non?

Que les choses soient claires. Je les aime beaucoup les garçons, et ceux là en particulier. J'ai même carrément un gros faible pour Christophe Willem dont l'énergie et la personnalité atypique me plaisent beaucoup. Et puis les mecs qui assument leur part de féminité, je suis pour. Mais le concept, je vous le rappelle, c'était pas un Festival de Femmes?

Des filles à la pèle. Pêle mêle: des belles, des rebelles, des nouvelles, des intellectuelles, des pas con, des sensuelles, des pas consensuelles, des Isabelle, des Carmel, des Emmanuelle, des Armelle, des Pimprenelle sans Nicolas, des Diane Tell, des Adèle, des Amel, des Axelle, des Gaëlles, des Chrystelle, des Raphaëlle, des éternelles, des qui chantent pas Petit papa Noël, des qui jouent du violoncelle, des qui chantent comme des crécelles, des qui sont pas des pucelles. Même des qui passent Salle Pleyel!


Que s'est il passé mesdames les programmatrices? Je ne peux m'empêcher de lancer ce cri, telle la Patrick Juvette de base "Où sont les femmes? Avec leurs gestes pleins de charme…"

Autant l'année dernière le divin Julien Doré, qui a poussé l'insolence jusqu'à faire la couverture de Têtu avec des petites chattes, proposait avec son "Mysogine show" une idée carrément… conceptu'elle…. Autant là, j'avoue que la pertinence du propos m'échappe.

Avouez que ça fait bizarre. Vous avez dit bizarre? Comme c'est bizarre….

Ce n'est pas que les femmes, vous n'en trouviez plus, on est d'accord! Le stock de nanas chanteuses est inépuisable et aussi varié que passionnant.

Ce n'est pas que les femmes qui en ont, on en connait pas, même qu'il y a des sacrées gonzesses qui poussent la chansonnette!

Ce n'est pas que le Festival ne cartonnait pas non plus. C'était blindé!


Mais alors…. Pourquoi cette mixité aussi incongrue qu'hors sujet?

Serais-ce que quand il y a une majorité voire une omniprésence de femmes c'est trop "segmentant", pour reprendre les arguments aberrants que celles qui proposent des émissions féminines s'entendent balancer à travers les gencives?

Serais-ce que ça n'est pas crédible?

Serais-ce pour signifier qu'elles n'ont rien contre les hommes, ces dames qui organisent ce Festival? Ou alors pour parodier Sacha Guitry, qu'elles sont contre. Tout contre!?

Serais-ce que…. mais je me perds en conjectures!

La meilleure, c'est que cette année, comme par hasard, le prix des places a augmenté! Y aurait il un lien entre l'arrivée massive de garçons dans la programmation et l'envolée des tarifs? Les mecs, ça coute plus cher? Aucun rapport? Avouez que tout ça rend perplexe.

En tout cas moi, personnellement, ça m'interp'elle!


Mesdames, vous avez voulu ouvrir la programmation? Je suis pour! J'ai même plein d'idées sympas. Il y a des groupes formidables de garçons en robe. Les Weepers Circus, en jupes Gaultier! Les prêtres de Spiritus Dei, en robe de bure…

Mais alors, vous savez quoi? Il faudrait proposer au Festival de Films de Femmes de Créteil de rendre un hommage à Sacha Guitry, ce grand misogyne devant l'éternel(le) qu'on adore! Ça aussi, ça serait une chouette idée! Ça, ça les éclaterait les féministes! Tiens, je crois que je vais leur suggérer…

C'est vrai. Les femmes, ça va cinq minutes…. C'est un concept, certes. Mais faudrait pas que ça ait l'air d'exclure les hommes. Ben non. Les pauvres chouchous. C'est qu'ils ont si peu d'endroits où s'exprimer. C'est vrai, ça fait de la peine quand on y pense…..

Et puisqu'en français, c'est le masculin qui prend le dessus au pluriel (je sais, c'est moche), faudrait peut être songer à rebaptiser le Festival, non?

Les Musik'ils, serait plus juste! Tant qu'à faire.....


vendredi 4 juin 2010

LE CHAGRIN




Je suis en train de dévorer le nouveau livre de Lionel Duroy. "Le chagrin". Sans la pitié. Magnifique. Poignant. Passionnant. Il y dissèque son enfance et sa famille. Au scalpel. Il y a du Mars de Fritz Zorn. Cette rage. Ce désespoir. Cette révolte contre les hypocrisies petites bourgeoises assassines. Je pense au Kertesz de "Naître sans destin". Cette écriture qui restitue l'horreur vécue au jour le jour, avec la naïveté et la candeur d'un enfant. Et puis Ozu. Comme Ozu filmait à hauteur de tatami, Duroy écrit, décrit à hauteur d'enfant. Comme Ozu qui, nous racontant l'histoire d'une famille dans un petit village d'une toute petite île du Japon dans les années 50, à priori incroyablement loin de nous, nous touchait dans ce que nous avions de plus intime, Duroy, le troisème d'une famille de dix enfants dont les parents sont catholiques pratiquants, antisémites, racistes et d'extrême droite nous parle de nous.

Son regard ne cille pas. Il la regarde en face son histoire, particulière unique, tragique, et ça nous passionne. Lui qui a été élevé (?!) au milieu de ses neuf frères et soeurs dans des conditions de plus en plus précaires et hallucinantes/hallucinées, nous bouleverse.


C'est que, s'il scrute ses photos de famille à la loupe, obsessionnel, y cherchant la vérité qui elle, cherche à lui échapper, s'il nous restitue ses souvenirs, il révèle que ses trous de mémoire sont tout aussi signifiants.

Ce livre qui le libère nous libère aussi, par la même occasion. Oui, c'est possible de dire. C'est possible d'assumer sa parole, aussi cruelle soit elle. Ça fait du bien, et pas qu'à soi. Ce miroir qu'est la littérature nous permet de nous regarder en face avec courage. Sans faux semblants. En se foutant du "qu'en dira t on".


C'est un livre vital. Pas une autofiction inutile et narcissique de plus. Pas une nième histoire de cul germanopratine qui part en couille dont on se contrefout. Il écrit pour survivre à son histoire. Pour se réconcilier avec sa vie. Pour être un homme. Pour ne plus être "leur" enfant. Pour ne plus subir. Pour ne plus être l'obscur objet de "leur" désir. Pour trouver sa propre lumière. La fabriquer avec des mots. Les siens. Oser la lucidité. Rien ne rend plus fou que de vivre dans les mensonges sociaux, empêtré de bons sentiments bidons et mortifères.


Je lis ce livre au moment où moi aussi, j'écris. C'est très fort.

Je reconnais la souffrance. Je reconnais la lucidité. Ça fait du bien. On se sent moins seul(e). C'est à ça que ça sert, l'art non? Pas que. Mais aussi.


Merci Lionel Duroy. Votre "chagrin" nous/me fait du bien.


Et puis j'ai adoré sa conclusion dans une interview: "J'écris, et puis je les emmerde!" CQFD!