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dimanche 30 mai 2010

FRANÇOIS, FREDO ET MOI!




Gainsbourg avait beau dire, sans doute par dandysme allié à un regret éternel d'être passé à côté de la peinture, que la chanson était un art mineur, c'est tout de même la forme artistique qui traverse le plus de couches sociales, d'âges, voire de pays, et qui dissout gaiement la barrière des langues. Ça n'est pas rien. Etant une artiste qui a commis un tube (non? si.), quasi planétaire par dessus le marché, j'ai donc été invitée à l'Elysée avec quelques collègues, pousseurs de chansonnette. C'était le règne de Mitterrand, François. Et si j'étais là, à l'Elysée, il n'y était pas étranger. Comme chacun sait, c'est pendant son premier mandat, à F M (comme la bande!) que les radios libres ont vu le jour. Certes, la période n'a pas duré longtemps, mais elle a eu le mérite de balancer ce qui fait la joie et le fonds de commerce de nombreuses radios encore aujourd'hui. Les disques d'or d'hier étant les "gold" d'aujourd'hui.


Un Mitterrand, j'en avais déjà connu un, quelques quinze ans plus tôt. Frédéric, qu'il s'appelait. Le neveu de celui que la France entière allait appeler Tonton. Il était prof à l'Ecole Active Bilingue, là où j'ai atterri au retour de mon enfance new yorkaise. Là où j'allais à l'école quand mai 68 a lancé ses pavés dans la marre. Il était prof de politique pour les 4èmes et d'économie pour les 3èmes. J'étais en 4ème. Je l'adorais. C'était réciproque. J'étais sa chouchoutte, ma mère était au PSU, je lisais le Monde tous les jours, j'étais politisée… Those were the days… Ses cours étaient passionnants. "La presse", "La dictature"… Des grands sujets traités avec enthousiasme et talent. Juste, fallait pas l'énerver, le Fredo. Sans quoi il vidait sa boite de craies contre le mur du fond, et fallait qu'on plonge sous la table pour ne pas s'en prendre une, de craie, dans la tronche.


Donc, me voilà invitée à l'Elysée, chez son oncle! Ma chanson cartonne. Après avoir été imposée par Pierre Lattés sur Fun, une radio libre, elle passe maintenant partout, et il m'arrive de me retrouver sur les trois chaines en même temps. Les trois chaines!!! Dingue, non? L'impression que c'était hier, et ces trois mots, "les trois chaines" donnent l'idée du gouffre qui nous sépare de cette époque pas si lointaine. Je suis donc sur un petit nuage cotonneux. Invincible, euphorique, joyeuse, que je suis. Et gonflée aussi. Il faut dire que je n'ai jamais eu ma langue dans ma poche, et le sens de la provocation a toujours été mon luxe et mon péché mignon.

C'est donc pétée (de rire) et chantant "c'est la ouate" à tue tête que je pénètre dans l'Elysée, mon maxi à la main. On me convoque pour savoir si je veux bien soutenir Tonton pour sa campagne de 1988. Histoire qu'il remette le couvert. Evidemment, je suis partante! Je laisse mon disque dédicacé "de toutes les manières, c'est Tonton que j'préfère!" et me dis que ça, c'est une bonne accroche pour sa campagne! Presque aussi bien que "la force tranquille" de son gars, là!

Et v'la t y pas que je chante dans un meeting, et qu'il dit chez Mourousi (qui a du faire partie de ceux qui croyaient que le refrain était une ode à la blanche, lui qui ne crachait pas dessus) qu'une de ses chansons préférées c'est "la ouate"….

Et que le tonton de Fredo, il re-gagne et que pour fêter ça, je me retrouve invitée à manger à l'Elysée. Ça, c'est de la promotion! Ça change de la promo. Qui non seulement, lave plus blanc, mais rince!


Donc, l'Elysée. En bas des Champs, le Palais. Des messieurs compassés nous font passer, puis patienter dans les petits salons tout couverts de stuc et d'or.

On poireaute, un peu fébriles. Le soleil tape sur les dorures et l'attente sur nos nerfs. Va falloir être brillant, et la barre est haute. C'est pas gagné. On a fait TV6. On n'a pas fait l'ENA, nous. Enfin, on nous invite à passer à table. Attali accompagne le Président. Mes collègues sont au Top! France Gall, Berger, Marc Lavoine, Jane Birkin, qui a du emprunter une veste à la boutique Saint Laurent en face afin de pouvoir entrer au Palais (plus chic, tu meurs).

Je fais l'andouille. "Comment on s'assoit? Un garçon, une fille, un garçon une fille?"

Je me retrouve à gauche de Mon Oncle et à droite de Jacques Attali dans cette salle à manger en plexi seventies qui date de Pompidou. Il y a peu de choses qui vieillissent aussi mal que le plastique. Après les ors de la République, le plexiglass fait grise mine. C'est moche.


Presque autant que ce qu'on nous sert à manger. Du blanc de poulet sur lequel a été posé un escargot cuit. Sans sauce. A sec. Vous avez déjà vu un escargot cuit tout nu? Il y a peu de choses qui ressemblent autant à une crotte de caniche. On dirait un mini étron. On est bien loin des créations culinaires qui allient le goût aux couleurs et aux formes avec épices savamment saupoudrées sur l'assiette ou coulis au tracé inspiré qui font de votre assiette un Pollock coloré et délicieux. C'est moche. C'est sec. Et c'est pas délicieux. N'est pas Divine qui veut. là

Alors que, consternée, je regarde mon assiette, celle de Tonton arrive sur la table. Lui, il a une jolie préparation avec du vert, du rouge, des herbes… Enfin, c'est appétissant, quoi! Comme je ne doute de rien, j'ose: "Pourquoi il mange pas comme nous, le monsieur?" A quoi on me répond d'un air pénétré "Il a un régime spécial". Ah, d'accord! Ben il en a de la chance. Je changerais bien ma gueule de bois contre son cholestérol et mon assiette contre la sienne. C'est mieux d'être Président que d'être vedette du Top 50. Ne serais ce qu'au niveau culinaire….


Y'a pas à dire, il dégage, Tonton. La fonction auréole d'une aura certaine. On est un peu intimidés, c'est notre Président tout de même, le monsieur qui mange des plus jolies choses que nous. Ça papote gentiment. Tout le monde essaye d'avoir l'air intelligent et de dire des choses intéressantes. Pas évident. Certains sont ostensiblement lèche culs. Rien de nouveau sous le soleil, ni sous les plafonds dorés de l'Elysée. Tonton et Jacques Attali ont l'air de trouver ça sympa, ce dej'. Ils se lancent des regards complices en évoquant "Etienne" de Guesh Patti. A les voir, on dirait qu'ils ont bien percuté aux sous entendus érotiques de la chanson, et même que ça les émoustille, ces vieux cochons. Faut dire que les empereurs, les rois, les présidents, ça a toujours bien aimé les chanteuses….


On prend le café dehors, sur la terrasse. IL met son chapeau. C'est Motsch? A nos pieds, le parc. Il fait beau. Des fleurs, des arbres. J'adore les fleurs. Leurs couleurs lumineuses et infiniment variées, leur fragilité, leur beauté éphémère. Tonton, lui, est plutôt branché arbres. C'est qu'un arbre ça se fait sur des centaines d'années. Un arbre, c'est pas un truc de gonzesse. Encore moins un truc de tante. Un arbre c'est fort, c'est grand. C'est ça qu'est beau. Comme l'antique. Ça dure. Ça perdure. Par delà la vie des hommes. Il y a des arbres qui ont connu Victor Hugo, madame… Le Temps, avec un grand T. L'Histoire, avec un grand H. IL s'identifie. Tu seras un Arbre, mon grand…


Allez, je vous dis tout, mais vous l'répétez pas. A l'époque, j'étais plus portée sur l'herbe, ou alors le H, oui, mais sans le côté historique. Pétard avec un grand philtre. Le carton d'invitation de l'Elysée, trop classe, me fera d'admirables filtres à pétards! On est chic ou on ne l'est pas, darling!



vendredi 28 mai 2010

LE REGARD DU SOURD



C'est fascinant à quel point le regard porté sur soi vous transforme. On connait tous ce sentiment à a fois subtil et précis d'être soit porté par un regard valorisant, soit abimé par un regard médiocre, voire malveillant. Celui qui porte les yeux sur vous projette, consciemment ou pas, son point de vue. C'est tout l'art de la mise en scène et de l'art en général. Porter sur les choses et les gens un regard qui transforme celui des autres. Et on sait qu'après Cézanne, plus personne n'a jamais regardé les pommes de la même manière. Et pourtant une pomme est une pomme est une pomme, pour faire ma Gertrude Stein de base.

C'est la mienne, de pomme, qui vient de vivre à nouveau, et pas plus tard qu'hier, un grand moment.

Invitée à RTL, je suis conviée à parler des années radios libres. Très bien. Formidable. C'est en effet une époque très particulière, passionnante et à laquelle je suis liée puisque c'est grâce à ce moment d'oxygène radiophonique aussi court qu'intense que je me suis retrouvée propulsée sur les ondes et du même coup vedette du top 50. Une époque dont j'ai connu, bien avant les années 80 les protagonistes phares. Les Jean-François Bizot, Jean Rouzeau, Mondino et autres Gaultier…. Une époque qui, pour moi, ne se réduit donc pas un un trou avec du vinyle autour!


L'émission est animée par Julien Courbet. Il y a pire. Il y a surtout mieux.

Julien Courbet, j'avais rien contre. Je gardais un excellent souvenir d'une émission avec lui il y a une dizaine d'années. Et puis un garçon dont le nom de famille évoque l'origine du monde ne peut pas être complètement mauvais.

Mauvais, non. Médiocre, si.

On me dira, c'est pas de sa faute. Il fait ce qu'il peut avec que qu'il a. On lui a collé un ramassis d'anciennes gloires d'il y a 20 ans plus ou moins tapées qui s'accrochent à des carrières flinguées et lui, il faut qu'il fasse une émission "fun". Chacun sa merde. OK. On est là pour faire une bonne émission. On n'est pas là pour dire la vérité. D'abord, faut dire que la vérité, tout le monde s'en branle. Même pas. C'est dire à quel point c'est hors sujet. Ensuite, la vérité, elle est trop trash. Qui veut savoir ce que c'est qu'être cramé avec un titre, puis humilié pendant 20 ans? D'abord par le métier, puis par les médias indifférents? Qui veut savoir que leur nouvel album, à ceux qui sont derrière les micros de RTL, quelle qu'en soit la qualité ou celle de leur attaché de presse, ne sera jamais écouté par ceux qui passent leur tube ad nauseam. Qui veut savoir que ceux ci ne prendront même pas la peine d'enlever la cellophane, encore moins de l'écouter, et qu'il y de fortes chances pour qu'il se retrouve sur un trottoir de vide grenier ou chez un soldeur. Les "journalistes" à peine capables de copier un dossier de presse sans faire de fautes d'orthographe et n'ayant de la fonction que les avantages, la carte de presse, sans les exigences, un brin de curiosité, l'ayant reçu pour le chroniquer préférant essayer de racler quelques euros, plutôt que le foutre directement à la poubelle. Qui veut entendre des artistes raconter la souffrance quotidienne que c'est d'être pour toujours, et quoi qu'ils fassent liés à UNE chanson, quand ils continuent à créer? Qui veut savoir que les seules émissions auxquelles ils sont acculés sont les sempiternels "Que sont-ils devenus?" ultimes clous du cercueil, dans lesquels ils feignent de ne pas voir à quel point ils sont la risée du PAF? Personne. Et sûrement pas Julien Courbet.

Le plateau? Une flopée d'ex collègues du Top 50. Le tiroir mortifère des "one shots des années 80". J'ai beau être enrhumée, ça pue la naphtaline à plein nez. Ça, c'est sur, il n'y a ni Daho, ni Ringer, ni Farmer. Eux, on ne leur prend pas la tête avec le Top 50. Avec eux on cause artistique, nouveautés, projets. Eventuellement.

Avec nous autres les gueules cassées des années tubes, ce ne sont que des "c'était comment?" jusqu'au mortel "alors? c'est pas trop dur quand on a fait un énorme tube comme ça de ne plus passer nulle part?" (Et pas plus sur RTL qu'ailleurs, soit dit en passant). Non chéri. C'est pas trop dur! C'est trop cool. Une partie de plaisir. On s'éclate.

Au Sénégal peut être. Ici, moins.

Le déni. En barre. Tout va très bien madame la marquise. Tout va très bien, tout va très bien. Chacun et chacune est très heureux de sa carrière, prend trop de plaisir sur scène, a fait un break pour s'occuper de ses enfants, a décidé de prendre du recul avec la profession. Machine fait une grande tournée. Machin va bientôt être sur scène dans un spectacle "très important". Don't make me laugh! Personne n'y croit. A part eux. Peut être. Pas sûr. La grande scène du "has been en promo" se déroule en live sous mes yeux ébaubis. C'est pathétique. Non, c'est pas à la radio et encore moins sur RTL qu'ils vont aller raconter que leur vie est un cauchemar. Que les gens ne leur parlent que de leur tube. Que le métier les a enterrés. Que c'est mort. Fini. Circulez y'a rien à voir. "A fait un tube dans les années 80" pour épitaphe.

Et mon Julien Courbet qui botte des vannes, fait mine de s'intéresser. J'ai l'insigne honneur d'être assise à côté de lui. Quand il se tourne vers moi je suis fascinée de lire à ce point dans ses yeux le mépris, l'indifférence. Presque de l'hostilité. Ses yeux brillent quand il trouve une astuce, puis son regard devient opaque dés qu'il me regarde. Je connais par coeur ce regard condescendant.

C'est sidérant. Je suis médusée. Dans le sens strict. J'en reste coite. C'est la coite!? C'est sur, ça n'engage pas tellement à être marrante tout ça. Il n'est pas content, le Courbet. Je ne suis pas assez rigolote. Faut rigoler… Faut rigoler…. Ben non. Ils attendaient mon humour ravageur. Ont droit à mon humour ravagé. Pas envie. Pas marrante, la Loeb! Envie de prendre mes cliques et mes claques et me casser. Je reste. Bonne poire. Elle est loin l'époque des "messieurs les censeurs, bonsoir!" Faut dire que c'étaient des émissions en direct. On pouvait faire des hold up. En différé, tu sais déjà qu'ils ne garderont que ce qui les sert. Alors, on l'ouvre et on la ferme. On la boucle, sa grande gueule. On file doux. On ne va pas en plus se griller avec RTL! Déjà qu'on passe pas bien souvent à la radio….

Pour terminer cette émission passionnante, un petit tour de table promo. Tous la même phrase: "J'ai sorti un nouvel album et je suis sur scène". Untel fait des galas, unetelle fait partie de RFM Party. Je suis la dernière du tour de table. Au bout du rouleau. Envie de me pendre. Et comme les autres, j'y vais de mon "j'ai un nouvel album et mon spectacle etc…" J'ai honte. C'est horrible. Le désintérêt de l'animateur pour mon travail, comme pour celui des autres, est palpable. A voir les autres, à observer la façon dont Courbet les interroge, je vois bien à quel point leur discours est décridibilisé d'emblée. Etre là est l'erreur.

A l'époque du chef d'oeuvre de Bob Wilson*, au début des années 70, un critique inspiré et malicieux avait écrit "Le regard du sourd n'est pas tombé dans l'oreille d'un aveugle".

L'autre jour si. On était chez les malentendants et les malvoyants. On était surtout chez les non comprenants.


Ça me rappelle un jour où j'ai visité Orsay avec une amie, ma fille et quelques copines de son âge. Soudain, elle tombe en arrêt devant "L'origine du monde" de Gustave Courbet, et part offusquée en se tenant le nez avec les autres prépubères qui l'accompagnaient, genre "ça sent la morue!". On étaient pétées de rire! C'était incroyable, cette réaction. La chair du tableau était donc si présente... Si sensuelle que ça….

Autant le tableau de Gustave Courbet est totalement inodore, autant là, oui. Ça ne sentait pas la rose l'autre jour à la radio. Ça crognotait même velu si vous voulez mon avis.


* "Le regard du sourd" 1971

* à lire: mon roman caustique sur cette formidable expérience du tube et post tube: "Has been" chez Flammarion


lundi 24 mai 2010

LES IRIS DU JARDIN DES PLANTES




"Superstition". "Ruffled shirts". "Midnight hour". "Arpège". "Rival". "Cherub's smile". "Lovely senorita". "Lemon brocade". "Hocus Pocus". "Bord de mer". "Eau piquante". "Leda's lover". "Petit nuage". "Euphorie"….

Les délires de jaunes, oranges, violet foncé, mauve, bleu nuit, bleu lavande, chocolat, caramel, bordeaux, ivoire, blanc nacré, bleu roi.

Et puis le parfum. Des effluves poudrées, entêtantes, envoutantes. Ça sent le gâteau, la vanille, la frangipane, le pamplemousse. Ça évoque des parfums plus troubles, plus sensuels….

L'iris.

La fleur royale par excellence. Celle qui a inspiré la fleur de lys des rois de France, celle que l'on trouve dans les fresques du Palais de Cnossos en Crète depuis la plus haute antiquité existe en plus de 950 espèces toutes plus inouïes les unes que les autres..

Il y a à Paris un endroit où on peut aller les regarder, les admirer, les respirer. C'est au Jardin des Plantes, créé par Buffon, le passionné des espèces végétales et animales, que se trouve ce petit coin délicieux et unique. Juste derrière un de plus jolis manèges de la capitale, avec ses animaux fantastiques. Parmi eux, un dodo, ce gros oiseau comique, espèce disparue que l'on croise dans "Alice au Pays des merveilles" et dans "l'Age de glace" et dont un spécimen en plâtre est exposé à quelques pas de là, dans le très beau Musée d'Histoire Naturelle.

Derrière ce joli manège poétique aux animaux imaginaires ou disparus qui tournent en rond, chevauchés par des enfants heureux, il y a donc un petit coin de jardin paradisiaque où des merveilles de couleurs et d'odeurs vénéneuses s'épanouissent.

Le jardin d'iris du Jardin des Plantes.

Qui ouvre à nouveau sa petite porte en fer aux visiteurs. A mon grand désespoir, pendant quelques années, il était fermé, traumatisé par quelques vandales qui l'avaient violé, abimé. Il est à nouveau ouvert et c'est LE moment d' y aller.

Des iris en veux tu en voilà! Sur leurs grandes tiges rigides, ces grosses fleurs aux pétales charnus, aux couleurs criardes ou subtiles, aux parfums tellement particuliers s'offrent au visiteur. Sensuelles, délirantes, extravagantes, baroques, Tim Burtonniennes.

L'iris dont le nom vient du grec iridos et qui a longtemps signifié arc en ciel, à cause de ses teintes irisées.

Des siècles après Catherine de Médicis qui la première s'en serait servie pour se parfumer, Serge Lutens, le plus grand artiste parfumeur, a créé un jus extraordinaire autour de la fleur, "Iris silver mist", Prada sort son "Infusion d'iris" et Arthur H dans sa chanson "L'amoureux" avoue aimer, entre autres, les iris.

Et ce n'est pas pour rien que Van Gogh les a peints avec passion, tortueux et indomptables, ni que Monet les a plantés à profusion à Giverny.


Les plus grands philosophes, les plus grands poètes ont consacré des années de leur vie à planter, biner, tailler, arroser, désherber, bouturer. L'horticulture est une passion qui traverse toutes les couches sociales. Du prolo avec son pot de géraniums au balcon, à l'esthète qui bichonne ses plantes rares à Tanger, tous n'aiment rien tant qu'observer, entretenir ces trésors de grâce et de poésie pure que sont les fleurs.

Là, les mains dans la terre, loin de l'humanité décevante, à l'abri des trahisons, de la vulgarité ambiante et des intérêts médiocres qui nous abiment, le misanthrope se fait du bien à l'âme.

Il faut vite aller au Jardin des Plantes. La grâce et la beauté des iris est comme l'existence, sublime, éphémère et fragile.


Et pour finir, un des bons mots de Dorothy Parker "You can lead a whore to culture but you can't make her think". A lire à voix haute avec l'accent new yorkais. Comprenne qui pourra....


mardi 4 mai 2010

LES FILLES DE JOIE? C'EST PAS TRISTE!



Non, les filles de joie ne sont pas des putes. Encore moins des putes à frange! Les filles de joie sont des super gonzesses. Et elles ne sont pas tristes! Elles font du "Cabaret Burlesque", un genre de strip-tease décalé et chic qui existe depuis les années 50, et qui est en plein revival. C'est bien simple, on ne parle plus que de ça et de nombreux lieux comme la Bellevilloise organisent des soirées autour de ces shows joyeux et glamours!


La preuve que c'est pas juste des nanas de plus qui se foutent à poil sous le regard plus ou moins concupiscent des mecs, c'est que même les féministes trouvent ça bien! Pire, c'est aussi une démarche féministe! En quoi se désaper peut il être de près ou de loin féministe me direz vous, dubitatif? Eh bien c'est que tout est dans la manière! Et dans le regard et la pensée qui va avec.


S'il y a eu des dérives féministes dans les années 60/70 avec des radicales comme Valérie Solanas et son SCUM (accessoirement, c'est elle qui a tiré sur Andy Warhol), cela fait un moment que les femmes affirment qu'on peut exiger d'être respectée et avoir du plaisir à se faire désirer. C'est une vue de l'esprit grotesque que ce raccourci qui consiste à dire que les féministes sont moches, mal baisées ou gouines! Et quand bien même il y en aurait, en quoi cela discréditerait-il leur discours? Que je sache, les hommes politiques brillent rarement par leur sex appeal et tout le monde trouve normal d'écouter avec intérêt des vieux moches priapiques à la sexualité douteuse.


Mais revenons à nos filles de joie qui me mettent… en joie! Leur leadeuse? Juliette Dragon! Belle, sublime, intelligente, classe! Encore une femme qui démontre qu'ont peut être une femme de tête et avoir de jolies jambes! Un pseudo du genre de celui des filles du Crazy Horse, sauf que là, ça ne fait pas "femme objet", mais bien "femme sujet"! On est loin des Lova Moor, Loulou Looping et autres Lola Frivola. Juliette Dragon, ça claque! Pour paraphraser le divin Noël Coward au sujet de Marlene Dietrich " C'est un nom qui commence comme une caresse et finit comme un coup de fouet" ! Et Autant au Crazy les normes physiques exigées sont d'une précision millimétrée draconienne, les canons de beauté d'un conformisme militaire et les pseudos amusants mais réifiants, autant "Les filles de joie" sont canon à leur manière toute personnelle. Y'a des grosses, y'a des maigres. Y'a même des vieilles! Et quelle que soit leur tronche, elles sont belles! Ce qui est jubilatoire c'est qu'elles organisent des stages d'effeuillage pour des nanas "normales". Des femmes qui ne se sont pas fait refaire la plastique à coups de bistouri, de silicone et autres liposucions. Eh oui! Le désir ça ne se mesure pas avec un centimètre, une balance ou un extrait de naissance. Et la beauté n'a jamais été une science exacte.


En fait, physiquement, ces femmes sont beaucoup plus proches de ce qu'étaient les danseuses de cancan du début du XXème siècle, époque où les cancanneuses étaient des super stars.

Qui se souvient de "Grille d'égout", "La môme fromage", "Nini patte en l'air" sans oublier "La goulue" et Jeanne Avril, la plus adulée, et la plus dessinée par Toulouse Lautrec qui s'y connaissait en nanas qui levaient la patte? Elles avaient de sacrés tronches et des putains de personnalité, les mômes! On était loin du formatage et du consensuel. C'était pas Claudia Schiffer ou Linda Evangelista les greluches!


Petite parenthèse, le cancan à l'époque, c'était pas un gadget à touriste. Figurez vous que c'était même révolutionnaire! Oui Madame! Les figures, genre "la baillonnette" venaient tout droit de La Commune, et les filles qui montraient leurs dessous en poussant des cris de joie étaient sacrément gonflées et subversives. (Paraît même que parfois, leurs culottes étaient fendues et qu'on leur voyait la… chuttttt!)

Quoi qu'il en soit nos strip teaseuses du dimanche se réunissent le samedi dans la joie et la bonne humeur, jouent avec les codes de la femme objet, s'amusent, et démontrent que l'on peut évidemment être féministe et sexy!


Sans une once de vulgarité (c'est quoi la vulgarité? Vaste débat. J'y reviendrais), elles conjuguent audace, "nippies", honnêteté, boa chinchilla et porte-jarettelles pour proposer un show bourré d'humour.

Les filles se régalent. Leur mec (ou leur nana) aussi! C'est plus gratifiant et amusant que de se regarder dans le miroir mortifère des publicités qui renvoient toujours un modèle unique de féminité, lisse, convenu et surtout photoshoppé à mort!


Vivent "Les Filles de joie", Juliette Dragon, Miss Anne Thropy, et toutes ces filles merveilleuses qui se réinventent en jouant avec les codes de nos grand mères. Qui détournent les corsets de la pensée, se les approprient et se/nous donnent du plaisir avec. Avec elles, y'a du monde au balconnet!


Et comme La Dragon, faute de cracher du feu, elles jouent avec. Ça sent le soufre! Ça c'est d'la meuf!


* à voir: les magnifiques photos de Eve Saint Ramon pour "Mon boudoir"