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lundi 14 février 2011

Vous avez dit Saint Valentin?




Saint Valentin. La fête des amoureux. Partout, l'amour, toujours. Et qu'on se fait des petits cadeaux trop mignons, et qu'on se jette des fleurs, et que tout ça sent bon le chocolat et la rose. Mouais… Comme c'est curieux, comme c'est étrange. Mais d'où vient donc cette fête, et qui est ce Valentin dont on nous rebat les oreilles depuis 15 jours? Comme pour toutes les célébrations récupérées par le calendrier catholique, Saint Valentin était au départ une fête payenne. Depuis la plus haute antiquité, à la mi février, c'était la période où l'on célébrait les fêtes de la fertilité, et la Saint Valentin était, avant le Moyen Age, la fête des célibataires et de l'amour physique.

Il n'y a pas un Saint Valentin, mais au moins deux: saint Valentin de Rome et Saint Valentin de Terni, tous deux martyrs au IIIème siècle. Au fil du temps, la fête de la fertilité s'est transformée en ode au couple et à l'amour avec des grands Ahhhhhhh. Que les choses soient claires, l'amour, j'ai rien contre. Ou alors tout contre, pour paraphraser Sacha Guitry. C'est vrai que l'amour donne des ailes, et qu'on préfère dire M que N.

Mais alors pourquoi est-ce qu'en en 1969 (ça ne s'invente pas) l’Église a-t-elle ôté le jour de la Saint-Valentin de son calendrier officiel? Officiellement c'est dans le souci d’épurer le calendrier catholique de tous les saints légendaires. Vous avez dit 69, année érotique?


Ne serait-ce pas plutôt parce que les hommes de robe le savent très bien que l'amour, c'est pas Disneyland et cui-cui les petits oiseaux? Aujourd'hui, 14 février, on ne voit que cupidons qui bandent leur arc faute d'autre chose, petites fleurs bleus, chocolats en forme de coeur décorés de guirlandes avec angelots ad hoc et autres gnougnouteries débilitantes. Plus cul-cul la praline, tu meurs. Déjà, faites l'amour pas la guerre et ce genre de niaiseries, personnellement ça me soulève le coeur, que j'ai pourtant bien accroché. Petite piqure de rappel des grandes histoires d'amour qui nourrissent nos fantasmes depuis des siècles. C'est encore les Rita Mitsouko qui l'ont dit le mieux: les histoires d'amour finissent mal, en général. Adam et Eve? La pomme d'amour leur couta leur place au paradis. Tristan et Yseult? suicidés. Roméo et Juliette? idem. Sacher Masoch? Il aurait été bien désespéré sans le divin marquis de Sade qui lui donna sa raison d'être. Heloïse et Abelard ont payé le prix fort de leur passion puisque lui s'est retrouvé eunuque et elle euuuuuuu nonne. Marlene Dietrich n'a plus jamais vu la vie en rose après le départ de son Jean, Gabin. Gainsbourg a eu du bol, pour se consoler de BB, de tomber sur Jane B, qui elle même se remettait mal du départ de John B. Oscar, le plus wilde des écrivains anglais a payé cher sa passion pour Bosie, Alfred Douglas, avec lequel il s'est pris une tôle, pour de vrai. Et Dante visitera tous les cercles de l'enfer à la mort de sa divine Béatrice.

Non. "Il n'y a pas d'amour heureux", pour citer Louis Aragon l'amoureux fou d'Elsa, chanté par Brassens, entre autres. Car enfin, il n'y a qu'aux petits enfants naïfs, qu'à ceux qui croient encore au père Noël qu'on fait gober pareilles fables qui se terminent par "ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Déjà, pour imaginer que le bonheur c'est se farcir une dizaine de moutards, il faut beaucoup d'imagination. Ou un bon dealer. Allez donc dire à une mère de famille qui profite de ses heures creuses et de ses dimanches pour faire le ménage à fond, des machines au Lavomatic, le repassage de la semaine, et vérifier les devoirs des petits que c'est Alice au pays des merveilles! C'est plutôt des mères vieilles prématurément, qu'elles deviennent, les meufs, à se taper l'intendance d'une famille nombreuse. Et c'est pas les crèmes anti-âge qui y pourront grand chose. Certes, il y a des couples qui durent. Villeroy et Boch, Roche et Bobois, Eric et Ramzy, Laurel et Hardy, Hardy et Dutronc. Mais à quel prix? On trouve un canapé très bien, le lit calisson à 1990€ chez Roche et Bobois et Eric et Ramzy sont actuellement disponibles pour le prix modique d'une place de cinéma. Mais je m'égare…

C'est dans les larmes de leur passion que George Sand et Musset ont écrit leurs plus belles pages, et dans le sang que les amants terribles de "L'empire des sens" terminent leur vertige de l'amour. (Ils avaient dû rêver trop fort.) C'est dans la folie que se termine la passion de Dora Maar pour Picasso, son minotaure, et dans le désespoir que se termine celle de Léo Ferré pour Pépée, sa guenon, humaine, trop humaine.

A l'image de l'inquiétant Robert Mitchum dans "La nuit du chasseur" qui avance avec les lettres LOVE sur la main droite, au nom de l'amour combien de meurtres, sous le joli nom de crimes passionnels ont-ils été commis?

Certes chez Violette Leduc, Thérèse et Isabelle s'aiment passionnément, mais comme le dit Gainsbourg dans initiales BB, "l'amour physique est sans issue".

En cette journée qui dégouline de bons sentiments, où il n'y aura sûrement pas que le sucre d'orge qui coulera dans la bouche d'Annie, rappelons nous que l'amour c'est pas tous les jours "la vie en rose", que ça peut vite basculer dans "noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir", que les passions sont fatales, et nos amours défuntes.

Mais au fait… C'est quoi l'amour? C'est donner ce que l'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas? Alors autant s'offrir des chocolats et de fleurs….

Et toi, tu aimes? Moi non plus.

samedi 5 février 2011

Maria S, tango stupéfiant



Maria Schneider est morte. C'est le cancer qui l'a pris sous son bras. Si Marcia Baila, Maria, elle ne danse plus. De toute façon, dansante, elle ne l'a pas vraiment été, sa vie. Plutôt douloureuse, celle de cette beauté sauvage et insolente du début des années 70. Déjà, elle n'est pas reconnue par son père qui lui, est connu. Bonjour le départ dans la vie. Puis, après quelques balbutiements dans le cinéma, et grâce, ou à cause de l'intérêt que lui porte BB, Brigitte Bardot, c'est dans l'oeil de BB, l'autre, Bernardo Bertolucci qu'elle tape. "Le dernier tango à Paris", avec Brando, un homme nommé désir. Impossible d'arriver plus haut plus vite. Début, 70, l'époque est à la transgression et à la libération sexuelle. "Passe moi le beurre". Scène culte s'il en fut. "Passe moi le beurre" que je t'encule et que je te flingue ta vie. On apprend, avec sa mort, qu'il aurait aimé lui demander pardon, BB. Ah oui? De quoi? De l'avoir violée avec sa caméra et son acteur devant le monde entier? Il ne pouvait pas faire son mea culpa avant, Bernardo? Comme celui de Zorro, muet qu'il était? C'était si difficile que ça de l'ouvrir et de lui demander pardon de son vivant? Maria Schneider a dit, avec pudeur, que dans la scène, c'étaient ses vraies larmes. A lire les regrets de Bertolucci devant son cadavre, on en a froid dans le dos. Si les larmes étaient vraies, qu'est-ce qui était donc simulé dans cette scène de viol? Ils se sont amusés à quoi le grand acteur et son réalisateur libertaire? A sodomiser une jeune fille de 19 ans devant une équipe de cinéma, puis à la jeter en pâture au monde entier? Sans jamais être inquiétés? Ça, c'est des artistes! Ça, c'est des mecs! Bertolucci, il a fallu qu'il attende qu'elle crève après une vie saccagée par cette scène pour faire des excuses? ! C'est un peu fastoche, non? On lit partout sa descente aux enfers, à la belle Maria, malgré le magnifique film d'Antonioni avec Nicholson. Qu'elle a pris de la coke, de l'héro, qu'elle a été en taule, en HP et qu'elle s'est beaucoup perdue. C'est étonnant comme les symptômes qui suivent un viol sont invariablement les mêmes. Drogue, alcool. Parfois prostitution. En tout cas, ce qui est certain c'est que les filles, et les types (c'est plus rare), sont dépossédés à jamais de leur corps. Un viol, ça laisse des traces indélébiles. S'il y a prescription pour les violeurs, il n'y a pas prescription pour les violées. Les séquelles, c'est à vie, qu'elles/ils se les trimballent.

D'aucuns diront, que c'était chouette, cette période de libération sexuelle! Que c'était le bon temps. L'époque pré sida et tout ça. Mais il n'y a pas que le sida qui fait des morts. Sous couvert de libération sexuelle, des gens super libérés ont commis des crimes.

J'entends déjà ceux qui trouvent toujours suspecte une femme qui dit qu'elle a été violée :"Elle l'a bien voulu. Personne ne l'a obligée à le faire, ce film!" Certes. Mais personne ne lui avait dit qu'elle allait l'avoir dans le cul non plus!

Ils sont beaux à se damner, M & M, Maria et Marlon. Leur couple crève l'écran. Mais si c'est Brando qui crève dans le film, c'est elle qui est sacrifiée dans la vraie vie et son personnage de Jeanne la crame à jamais. Et si dans la fameuse scène, Brando met du beurre, Betolucci, c'est bien à sec qu'il l'a enculée. Et en Technicolor avec ça!

Il a bon dos, le cancer.