Sur les photos publicitaires pour "Le mâle", son parfum pour hommes, deux marins, épaules tatoo, font un bras de fer dans leur éternel pull marin. "Les marins sont bien plus marrants que tous les forains réunis" . Très Jacques Demy, indeed. Aujourd'hui, les beaux marins se sont lâché la main et passent aux choses sérieuses. Ils ont enfilé des gants de boxe, et on est d'avantage dans les larmes salées de Martin Scorcese, époque "Raging bull" que dans les couleurs sucrées du Jacquot de Nantes.
Rien qu'à voir le magnifique carton, on avait pigé l'ambiance. Ça allait bastonner. Il allait y avoir distribution de châtaignes à l'oeil. Le carton d'invitation , genre fac similé d'affiche de boxe des années 50, jaune, rouge et noir, avec une belle grosse typo et des mecs en boxeurs. Au propre comme au figuré.
Dans la salle du défilé, les photographes se bousculent, les acheteurs et les journalistes papotent. On remarque quelques invités de marque, comme toujours. Le frêle et charmant Slimmy, coiffé d'un haut de forme de guingois, petit Prince Mister Magoo, tout content d'être là. Un peu plus loin, le moins frêle et moins charmant Chris Brown, le cogneur de ces dames. Effectivement, ça sentait la castagne.
Au milieu de la pièce, un vrai ring de boxe. En même temps que la lumière baisse, la bande son monte. Se superposant au léger brouhaha de la foule cool qui attend le défilé de mode, la bande son superpose une ambiance d'une autre foule, beaucoup moins chic, qui attend le combat de boxe. Le ton est donné. On est au cinoche. Va y avoir du spectacle!
Le rideau s'ouvre sur quelques mecs en short, qui tapant dans un sac de sable, qui dans un punching-ball, qui sautant à la corde (les Twins, deux frangins danseurs qui ont la grâce). Les coulisses de l'exploit, avec en toile de fond, sur un grand écran, quelques images noir et blanc d'un homme en peignoir seul sur une plage. On pense à "Raging bull". Encore. Deux filles en boxeur et gants assortis surgissent des coulisses accompagnées d'un arbitre, l'indéfectible et indispensable Tanel.
Gong. Sur le ring, le match des gonzesses commence. Les mecs déboulent. Le choc. D'abord, leurs belles gueules. Qui ont du en recevoir des coups, vu les lèvres explosées, les plaies et blessures, les sparadraps sur les arcades sourcilières*. C'est beau, un mec qui sait donner et prendre des coups. Surtout au cinéma. Dans la vraie vie, c'est plutôt dégueulasse. "C'est quoi dégueulasse?" demandait Jean Seberg dans le chef d'oeuvre de JLG en petit pull marin, à l'époque où ceux-ci n'évoquaient pas encore irrésistiblement Gauthier. Tu veux que j'te dise Chris? Taper sur sa femme, c'est dégueulasse. Je sais, ça jette un froid. Surtout quand t'es sa femme.
Mais ici, on n'est pas dans la vraie vie. On est chez Gaultier. Et lui, les femmes, il les aime. De toute évidence, les mecs aussi. Ici, c'est sublime. Les types qui défilent sont à tomber, les fringues sont magnifiques, la bande son de Goran Vejvoda est parfaite. Mélange de techno avec des loops d'Edith Piaf, la môme à Cerdan "Laissez le moi encore un peu mon amoureux".
Pour accessoiriser les tenues, en plus des gnons, des gants de boxe. Des noirs, des rouges, des blancs. Et toujours avec l'humour de Gaultier, le détail qui tue. Un mastard tout de noir vêtu, très chic, avec gants de boxe argentés serrant une petite pochette en cuir noir. Mélange de virilité brut et de la féminité bourge la plus nunuche.
Sur certains smokings, des serviettes éponge autour du cou, piquées de grosses broches en strass.
Réminiscence des costumes du dernier show de Mylène Farmer, les T shirts imprimés "écorché", bleus, verts, rouges, ocre.
Dans la bande son, on entend Cassius Clay dans un délire mégalo. "I am the greatest!"
Ce soir, c'est Môssieur Gaultier Ze Greatest! D'ailleurs le voilà qui vient saluer en peignoir éponge noir, lui aussi maquillé gueule explosée et sparadrap ad hoc! Bravo Jean Paul! C'est toi le champion toutes catégories. Le show est chic, classe, malin. Le spectacle est impeccable. Vainqueur par KO. Dans tes pulls marins, t'es pas à bout de souffle, JPG! T'es Champion of the world au boxe office de la mode. Haut la main!
*maquillages et effets spéciaux Florence Depestele
Merci pour cette description Caroline ça donne envie d'y aller mais grâce à votre reportage on s'y croirait. (c'est bien écrit en plus) Laurent (Calixte)
RépondreSupprimerBravo Caroline pour ce texte qui donne oui d'en voir plus !!! bises et a tres bientot !!
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