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mardi 4 mai 2010

LES FILLES DE JOIE? C'EST PAS TRISTE!



Non, les filles de joie ne sont pas des putes. Encore moins des putes à frange! Les filles de joie sont des super gonzesses. Et elles ne sont pas tristes! Elles font du "Cabaret Burlesque", un genre de strip-tease décalé et chic qui existe depuis les années 50, et qui est en plein revival. C'est bien simple, on ne parle plus que de ça et de nombreux lieux comme la Bellevilloise organisent des soirées autour de ces shows joyeux et glamours!


La preuve que c'est pas juste des nanas de plus qui se foutent à poil sous le regard plus ou moins concupiscent des mecs, c'est que même les féministes trouvent ça bien! Pire, c'est aussi une démarche féministe! En quoi se désaper peut il être de près ou de loin féministe me direz vous, dubitatif? Eh bien c'est que tout est dans la manière! Et dans le regard et la pensée qui va avec.


S'il y a eu des dérives féministes dans les années 60/70 avec des radicales comme Valérie Solanas et son SCUM (accessoirement, c'est elle qui a tiré sur Andy Warhol), cela fait un moment que les femmes affirment qu'on peut exiger d'être respectée et avoir du plaisir à se faire désirer. C'est une vue de l'esprit grotesque que ce raccourci qui consiste à dire que les féministes sont moches, mal baisées ou gouines! Et quand bien même il y en aurait, en quoi cela discréditerait-il leur discours? Que je sache, les hommes politiques brillent rarement par leur sex appeal et tout le monde trouve normal d'écouter avec intérêt des vieux moches priapiques à la sexualité douteuse.


Mais revenons à nos filles de joie qui me mettent… en joie! Leur leadeuse? Juliette Dragon! Belle, sublime, intelligente, classe! Encore une femme qui démontre qu'ont peut être une femme de tête et avoir de jolies jambes! Un pseudo du genre de celui des filles du Crazy Horse, sauf que là, ça ne fait pas "femme objet", mais bien "femme sujet"! On est loin des Lova Moor, Loulou Looping et autres Lola Frivola. Juliette Dragon, ça claque! Pour paraphraser le divin Noël Coward au sujet de Marlene Dietrich " C'est un nom qui commence comme une caresse et finit comme un coup de fouet" ! Et Autant au Crazy les normes physiques exigées sont d'une précision millimétrée draconienne, les canons de beauté d'un conformisme militaire et les pseudos amusants mais réifiants, autant "Les filles de joie" sont canon à leur manière toute personnelle. Y'a des grosses, y'a des maigres. Y'a même des vieilles! Et quelle que soit leur tronche, elles sont belles! Ce qui est jubilatoire c'est qu'elles organisent des stages d'effeuillage pour des nanas "normales". Des femmes qui ne se sont pas fait refaire la plastique à coups de bistouri, de silicone et autres liposucions. Eh oui! Le désir ça ne se mesure pas avec un centimètre, une balance ou un extrait de naissance. Et la beauté n'a jamais été une science exacte.


En fait, physiquement, ces femmes sont beaucoup plus proches de ce qu'étaient les danseuses de cancan du début du XXème siècle, époque où les cancanneuses étaient des super stars.

Qui se souvient de "Grille d'égout", "La môme fromage", "Nini patte en l'air" sans oublier "La goulue" et Jeanne Avril, la plus adulée, et la plus dessinée par Toulouse Lautrec qui s'y connaissait en nanas qui levaient la patte? Elles avaient de sacrés tronches et des putains de personnalité, les mômes! On était loin du formatage et du consensuel. C'était pas Claudia Schiffer ou Linda Evangelista les greluches!


Petite parenthèse, le cancan à l'époque, c'était pas un gadget à touriste. Figurez vous que c'était même révolutionnaire! Oui Madame! Les figures, genre "la baillonnette" venaient tout droit de La Commune, et les filles qui montraient leurs dessous en poussant des cris de joie étaient sacrément gonflées et subversives. (Paraît même que parfois, leurs culottes étaient fendues et qu'on leur voyait la… chuttttt!)

Quoi qu'il en soit nos strip teaseuses du dimanche se réunissent le samedi dans la joie et la bonne humeur, jouent avec les codes de la femme objet, s'amusent, et démontrent que l'on peut évidemment être féministe et sexy!


Sans une once de vulgarité (c'est quoi la vulgarité? Vaste débat. J'y reviendrais), elles conjuguent audace, "nippies", honnêteté, boa chinchilla et porte-jarettelles pour proposer un show bourré d'humour.

Les filles se régalent. Leur mec (ou leur nana) aussi! C'est plus gratifiant et amusant que de se regarder dans le miroir mortifère des publicités qui renvoient toujours un modèle unique de féminité, lisse, convenu et surtout photoshoppé à mort!


Vivent "Les Filles de joie", Juliette Dragon, Miss Anne Thropy, et toutes ces filles merveilleuses qui se réinventent en jouant avec les codes de nos grand mères. Qui détournent les corsets de la pensée, se les approprient et se/nous donnent du plaisir avec. Avec elles, y'a du monde au balconnet!


Et comme La Dragon, faute de cracher du feu, elles jouent avec. Ça sent le soufre! Ça c'est d'la meuf!


* à voir: les magnifiques photos de Eve Saint Ramon pour "Mon boudoir"

4 commentaires:

  1. Chère Caroline ; voila encore une fois de plus un très bel article !! Et je partage complètement tout ce que tu dis ............ Ca c'est de la meuf OUI !! Rien de choquant, c'est de l'art, de l'art sain et naturel !! encore bravo pour ton article !! bisous tout plein Caroline !!

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  2. Wahooo! 1000 mercis chère Caroline, je suis très touchée...
    Et quel talent d'écriture cette Loeb,
    quelle plume admirable!
    VIVE LES FEMMES!!
    bien à vous,
    Juliette
    ps: pour celles que cela intéresserait, l'adresse de l'Ecole des Filles de Joie, programme et réservations : www.collectif-surprise-party.com

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  3. Ah oui, joli clin d'oeil !
    En même temps, ce n'est que rétablir un oubli car ce sujet se devait d'être traité dans tes chroniques. IN-DIS-PEN-SABLE !!!
    Constance.

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  4. Elles soufflent un vent de fraîcheur sur nos sociétés de plus en plus aseptisées.
    Merci Caroline pour le fond de ce billet, servi de cette si excellente et truculente plume, qui est la tienne.

    Frédéric.

    http://www.art-et-litterature.com/

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