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samedi 9 janvier 2010

Jean-Jacques Schuhl Jean Eustache et Moi!


« La mémoire, ça sert à oublier ». Certes. Mais pas que. Dieu merci. En bonne perecquienne, je me souviens. Pas de tout, heureusement. Je mourrais de honte. La décennie qui a suivi les années 70 a été « trash ». Mais de beaucoup de choses. Quelques années avant ces fameuses années 80 dont on ne cesse de me rebattre les oreilles et auxquelles on ne se lasse pas de m’identifier, j’avais déjà une vie, et bien remplie. En plus d’aller danser presque tous les soirs au club 7, puis au Palace ou aux Bains Douches, je passais des soirées à la Closerie des Lilas, à la Coupole puis au Rosebud à écouter des hommes parler des femmes. Aujourd’hui, 4ème jour de la 2ème décade du 3ème millénaire (ça ne rigole pas !) je me souviens de la bande des 4. Pas de la femme et des amis de Mao, Jiang Qing et ses copains Zhang Chunqiao, Yao Wenyuan et Wang Hongwen. (On est ancienne « mao » ou on ne l’est pas ) Non, de Jean Eustache, Jean-Jacques Schuhl, Jean-Noël Picq et « le beau George ». Dans le # de fin d’année des Inrocks, je lis un grand portrait de Jean-Jacques Schuhl. Il raconte qu’il aimait se taire ou ne rien dire d’intelligent avec Jean Eustache. Effectivement, ça n’était pas le plus volubile des quatre. J’étais bien jeune il est vrai, au début des années 70, mais je me souviens des joutes verbales entre ces mecs. Jean-Noël Picq, psychanalyste, celui que ses clients payaient pour qu’il les écoute, parlait beaucoup. Et brillamment. Le souvenir que j’ai de ces dandys spirituels (pléonasme ?) est qu’ils aimaient et maniaient le paradoxe avec jubilation. Une des histoires préférées d’Eustache était celle que racontait Picq, sur les toilettes de femmes d’un café où les hommes pouvaient voir le sexe des filles en se mettant à quatre pattes devant un trou dans le bas du mur mitoyen. Les yeux en face des trous. Picq la racontait, la re racontait, et Eustache ne s’en lassait pas, jubilant à chaque nouveau détail. C’est, évidemment, devenu le film « Une sale histoire ». Une histoire troublante pour la jeune fille que j’étais. Il y était question de beauté, de laideurs paradoxales, intimes. J’y apprenais que les plus belles n’étaient pas celles que l’on croyait. Les plus laides non plus. La version féminine de « la beauté des laids, des laids…. se voit sans délai, délai » de Gainsbourg ?

Mais ce qui me frappe surtout aujourd’hui, c’est le simple fait de ma présence à ces soirées arrosées, ces nuits blanches, dostoïevskiennes et un peu décadentes.

Je n’étais évidemment pas la seule femme admise dans ce cercle restreint, mais les autres femmes étaient en général les maîtresses de l’un ou de l’autre. Parfois même de l’un, puis de l’autre. Ce qui n’était pas mon cas…

Oui. Je me souviens qu’on faisait la fermeture de la Closerie, qu’on se « finissait » au Rosebud, qu’on faisait l’ouverture du Mahieu, le premier café ouvert, en face du Luxembourg, pour ceux qui avaient passé la nuit à parler et à piccoler. Et que c’est grâce à cette amitié avec Jean Eustache que mon petit frère Martin s’est retrouvé à jouer le rôle principal dans « Mes petites amoureuses », son beau film où des adolescents parlent de filles et de cinéma…..

Enfant déjà, Jean Eustache ne pensait qu’à ce qui se passe « sous les jupes des filles » comme l’a écrit si joliment Alain Souchon.

Le retour de Jean-Jacques Schuhl fait plaisir. C’est agréable ces bouffées de souvenirs qui remontent….

Evidemment, Jean-Jacques et moi n’avons pas vécu la même histoire, bien que nous ayons partagé tellement de moments ensemble. Ma perception de la vie était bien novice devant celle de ces messieurs. Et pourtant. Si le Mahieu d’existe plus, remplacé par un de ces immondes Mac Dos qui polluent le monde, le souvenir que j’en ai, et celui de mes premières années « dans le monde » est bien vivace.


6 commentaires:

  1. agréablement raconté!frederique dhenein

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  2. Merci! Quand je regarde "La maman et la putain" je pense le nom du café ou Alexandre et Gilberte vont après le Jardin du Luxembourg. Le Mahieu? Le Rostand?

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  3. Caroline, où êtes vous dans "mes petites amoureuses" ? je cherche, je scrute et ne vous trouve pas.... mais quel beau film ...
    Monsieur-Hulot

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    1. Elle se fait accoster puis inviter à prendre un verre par "l'homme à la moto"

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  4. Bonjour, Jean-Jacques Schuhl est toujours présent via son œuvre, mais savez-vous ce qu'il est advenu de Jean-Noël Picq ? (simple curiosité)

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